Aperçu sur l'UBURETWA , l' UBUHAKE et l'UBUCAKARA
C'est principalement vers
le 19ème siècle que les rois tutsis ont renforcé leur domination. Le système socio-politique des BATUTSI étant mieux hiérarchisé, ils vont parvenir à déstructurer
le système des BAHUTU et à les assujettir en leur imposant un système féodal
basé sur le clientélisme pastoral et foncier.
Au moment où le clan royal des Nyiginya dominait tout le pays, les
tutsis, éparpillés entre les hutus, furent incorporés aux unités militaires
du pouvoir central du clan royal, même s'ils ne faisaient pas partie de
l'aristocratie. Ainsi, il s'est créé une sorte de caste militaire hiérarchisée
qui comprenait tous les tutsis et excluait les hutus. Il se dessinait une
cassure qui se développerait au siècle suivant. La structure socio-économique
qui s'était créée au 19ème siècle était totalement hiérarchisée. Les
meilleures positions étaient occupées par les tutsis, avec seulement quelques
exceptions pour les hutus, mais dans des positions inférieures. Tout au bas de
la pyramide, il y avait les hutus, les twas et quelques tutsis restants. Vers la
fin du 19ème s., une profonde scission séparait les riches et puissants des
pauvres et des faibles. La dépendance des pauvres par rapport aux riches
prenait diverses formes; deux structures de pouvoir se détachaient surtout: l'ubuhake
et l'uburetwa. L'ubuhake, originairement des alliances avec des droits et
des devoirs entre familles de la noblesse tutsi pour protéger leurs intérêts,
avait converti cette aristocratie militaire en aristocratie terrienne d'éleveurs.
En vertu de l'ubuhake, les paysans hutus devaient payer la moitié de leur récolte
à l'umwami (le roi). Ceci contribua à l'appauvrissement de la population et
accentua la scission entre le peuple hutu et la noblesse tutsi bénéficiaire de
ce nouveau système économique.
"Le contrat de servage pastoral - ubuhake était dit aussi contrat d'ubugaragu, voir le modèle plus bas, était un engagement volontaire par lequel une personne appelée umugaragu venait se recommander à une autre personne d'un rang social plus élevé, appelée shebuja.
L'acte de se recommander se dit gukeza, les relations sociales du maître (shebuja) au serviteur (umugaragu) s'appellent ubuhake. Le serviteur s'engage, vis à vis de son maître, à rendre tous les services coutumiers et le shebuja consacre le contrat par l'octroi de vaches ou dans certaines régions de parcelles de terres à cultiver.
Les services coutumiers que le serviteur doit prester sont, de la part d'un Muhutu, tous les genres de travaux serviles ordinaires; tandis qu'un Mututsi est conseiller, messager, informateur, compagnon d'armes, en un mot, l'instrument de l'influence sociale et politique entre les mains de son maître. Le buhake (dont les origines remonteraient au règne de Ruganzu II Ndoli autour du XVIIème siècle voir dans Le gros bétail et la société rwandaise. Evolution historique des XII-XIVème siècles à 1958, 1994: 127-140.)était destiné à renforcer la puissance de la famille du maître. Et c'est ici que l'on pourrait situer les origines de l'Ubuhake que nous allons voir en détails dans ses formes élaborées telles que les ont trouvées les colonisateurs au début du 20ème siècle: « Bien que l'ubuhake existât aussi entre deux tutsi ou deux hutu, la relation féodale était avant tout un rapport inter caste entre un tutsi et un hutu. Sa fonction était d'une part de fournir à la strate supérieure des produits agricoles et des services, sans contrepartie économique réelle ; d'autre part, de limiter l'exploitation des paysans en leur donnant l'occasion de recourir à la protection d'un membre de la caste dominante contre la surexploitation par les autres » Voyons donc ce que furent les relations entre les deux groupes sociaux. D'après les travaux de J. Maquet:1952, 1954, 1970; ceux de A. KAGAME (1954) de M. D'HERTEFELT: 1971,… sur le système des relations sociales dans le Rwanda ancien, il est dit que la structure étatique était entièrement entre les mains des tutsi nyiginya et la « fiscalité » était la fonction principale de l'administration. Les tutsi qui n'appartenaient pas au groupe des gouvernants pouvaient assurer leur approvisionnement vivrier par le lien de la clientèle que sollicitaient des hutu en échange de tel ou tel seigneur.
Sur l'uburetwa, C.M. Overdulve dit littéralement: «L'immense majorité du peuple hutu était soumis à l'uburetwa, qui consistait en l'obligation pour chaque homme de travailler deux jours par semaine (et la semaine traditionnelle était seulement de cinq jours) au service du chef tutsi et ceci sans être rémunéré. C'est l'umwami tutsi Kigeri IV Rwabugiri (1865-1895) qui l'aurait instauré et imposé aux cultivateurs hutus. En général, les tutsis étaient exempts de l'uburetwa, même s'ils n'appartenaient pas à la noblesse. Ainsi, ils ont acquis un statut de privilégiés par rapport à la grande majorité hutu. L'uburetwa était la manifestation la plus humiliante et la plus étendue de la soumission du peuple. Le poids de cette charge a été un obstacle énorme pour les hommes, interdits de travailler régulièrement et suffisamment leurs propres champs. Ce travail, donc, retombait en grande partie sur les femmes qui avaient déjà la lourde charge de la maison et des enfants. En outre, elles pouvaient également être appelées pour certains travaux à la maison du chef tutsi. Tout cela provoquait une situation de misère sans précédent ; ils avaient beaucoup de difficultés pour nourrir la famille et ils vivaient sous la menace constante de la faim.» Mais dans les familles et les ménages hutu, le soir autour du feu de bois, pendant le repas de haricots, le grand-père ou le père racontait une autre histoire, la chronique familiale, qui remontait à plusieurs générations, transmise de père en fils. C'est l'histoire qui dit comment, peu à peu, le lignage perdait son autonomie et sa dignité, une histoire d'humiliation et d'oppression croissantes de la part des seigneurs et maîtres, les Tutsi de toutes les couches, de haut en bas. Cette tradition orale explique les sentiments profondément enracinés de frustration et d'humiliation des Hutu envers les Tutsi. Ces sentiments se sont accumulés au cours des siècles, bouillon de culture d'une haine inconsciente mais toujours en veilleuse, qui fait partie de l'inconscient collectif du Hutu, transmise, chaque fois renforcée, de génération en génération. Les Tutsi, eux, ne connaissent bien sûr pas ces sentiments de frustration et d'humiliation. Ils ont un inconscient collectif formé par des siècles de pouvoir et de supériorité. lls n'ont aucune idée de ce qui vit dans l'âme des Hutu. On peut d'ailleurs se demander si l'Européen ne s'est pas reconnu dans une certaine mesure dans cet état d'esprit des Tutsi, ce qui expliquerait que l'Européen moyen éprouve un sentiment spontané de sympathie pour eux. Il est pour le moins frappant que presque tous les mariages mixtes soient des mariages entre Européens et Tutsi et très rarement entre Européens et Hutu.»En 1942, le Conseil du mwami (roi) va officialiser un contrat entre l'umugaragu et son chef dont le contenu est ci-dessous:
N. B.: Un contrat exige un consentement mutuel sur pas mal de procédures. En était-il ainsi ou c'était la dictature ?
Du contrat
d'ubugaragu ou de servage agro-pastoral dans le Rwanda "nyiginya" Bulletin de Jurisprudence des Territoires Indigènes du Rwanda Urundi Astrida, Rwanda, 1946 Ce statut a été rédigé en 1941 par le Conseil du mwami en conformité aux us et coutumes en vigueur, il a été rendu obligatoire à partir de janvier 1942. Art 1. Nature du contrat Le contrat d'ubugaragu est une convention librement consentie entre deux personnes; la première, appelée shebuja, donne à la seconde, appelée umugaragu, une ou plusieurs têtes de gros bétail; l'umugaragu se charge de soigner ce bétail en bon père de famille et de fournir au shebuja des prestations nettement déterminée par le contrat ou prévues par la coutume. Art 2. Formes du contrat d'ubugaragu Le contrat d'ubugaragu peut être conclu verbalement, dans ce cas, un ou plusieurs témoins assistent chacun des contractants. Il est cependant recommandé aux parties de faire enregistrer par le tribunal de chefferie du ressort du shebuja tout contrat d'ubugaragu en cours. Le Tribunal Indigène compétent pour enregistrer un contrat d'ubugaragu est celui dans le ressort duquel le shebuja a son principal établissement. Tout contrat d'ubugaragu conclu à partir du premier janvier 1942 devra obligatoirement être enregistré ; les Tribunaux Indigènes refuseront, à partir de cette date, de transférer les différends qui naîtraient de l'exécution de l'exécution d'un contrat non enregistré alors qu'ils était soumis à cette formalité. L'enregistrement des contrats se fait, non par le Greffier, mais par un Juge du Tribunal Indigène ; le juge aura mission de documenter les parties et de les conseiller ; il refusera l'enregistrement des contrats ne répondant pas aux prescriptions de la présente circulaire. Art 3. Obligation du shebuja L'obligation essentielle du shebuja est de remettre à son umugaragu au moins une vache de bonne qualité apte à la reproduction. Si cette condition n'était pas remplie, le contrat serait nul. De plus, le shebuja doit à son umugaragu aide et protection dans tous les cas à ce dernier serait, sans qu'il y ait eu faute de sa part en difficulté. Art 4. Obligation de l'umugaragu Suivant la coutume, les obligations de l'umugaragu peuvent être classée en deux catégories. A. Les prestations obligatoires B. Les prestations facultatifs Art 5. Des prestations obligations 1° le gufata igihe, 2° le kuralira, 3° le kwubaka inkike, 4° l'ingishwa, 5° l'umurundo, 6° l'indemano ou umunani. Art 6. Le gufata igihe Le gufata igihe est l'obligation que souscrit l'umugaragu d'être présent aux cotés de son shebuja un certain nombre de jours chaque années. Au cours de ces journées de présence, l'umugaragu peut être chargé de certains travaux ou de missions, en corrélation avec ses aptitudes, son rang social et les coutumes de la région. Les contrats doivent déterminer exactement la durée de cette prestation. Art 7. Le kuralira Le kuralira est l'obligation qu'a le mugaragu de veiller, la nuit, sur le rugo et la maison de son shebuja. Le contrat doit déterminer la durée de cette prestation. Art 8. Le Kubak' inkike Le kubak'inkike est l'obligation que souscrit l'umugaragu de coopérer à la construction, à la reconstruction ou à l'entretien du rugo (enceinte) de shebuja. {...} l'umugaragu est tenu d'y satisfaire chaque année. Toutefois, le shebuja dont la hutte serait complètement détruite par cas fortuit peut astreindre ses bagaragu à prêter leurs services pour une durée double de celle fixée au contrat ; dans ce cas, il ne sera dû aucune prestation de kwubak'inkike pour l'année suivante. Puisque les bagaragu doivent construire pour leur shebuja, et que le Mwami est le chef de tous les Chefs et Sous-chefs, ces derniers doivent coopérer gratuitement à la construction des kraals du bétail du Mwami. Il s'en suit que, partout où se trouve le bétail du mwami, la construction de kraals incombe au Chef et Sous-chef. Art 9. L'ingishwa L'ingishwa est l'obligation que souscrit l'umugaragu de fournir une vache laitière à son shebuja lorsque ce dernier va à son tour faire la cour chez son shebuja, ou lorsqu'il s'absente pour un temps plus ou moins long. Art 10. L'umurundo L'umurundo est le droit du shebuja de se faire présenter tout le bétail détenu par son umugaragu ou dépendant de celui-ci. a) Si pour une raison quelconque, tout le bétail ne peut pas être présenté, les manquants doivent être signalés spontanément par l'umugaragu, avant la présentation. b) L'umurundo peut-être ordonné par le shebuja aussi souvent que l'exige le contrôle de gestion de l'umugaragu. c) Une fois pendant la vie du shebuja, l'umurundo peut être suivi d'un prélèvement de bétail. d) Ce prélèvement s'effectue sur l'entièreté du bétail qui dépend de l'umugargu à un titre quelconque, sans que cependant le shebuja puisse y inclure le bétail grevé de droits de tiers (ingwate, inkwano pour lequel l'indongoranyo reste dû, etc.). e) Le droit de prélèvement est limité à une vache sur dix. f)Dans l'évaluation du troupeau sur lequel porte le prélèvement, une vache suitée ne compte que pour une seule bête. g) Sur un troupeau comprenant de 7 à 9bêtes, le shebuja pourra prélever une génisse , un veau femelle ; sur un troupeau de 3 bêtes et moins, un taurillon. Art 11. L'indemano ou umunani L'umunani est la dotation en bétail, constituée par le shebuja, au profit d'un de ses fils lorsque celui-ci s'établit en dehors du rugo paternel. La dotation du premier fils est prélevée sur le bétail inyarulembo du père ; la dotation du second est fourni par les abagaragu du père, et ainsi de suite pour les autres fils. Le prélèvement maximum d'indemano ou d'umunani est fixé à raison d'une vache adulte par vingt têtes dépendant de l'umugaragu ; un troupeau de 14 à 19 bêtes donnera une génisse ; un troupeau de 8 à 13 bêtes donnera unveau femelle ; un troupeau de sept bêtes et moins donnera un taurillon. Art 12. Droits de l'umugaragu L'umugaragu peut disposer par vente, donation, abattage ou autrement, du bétail qu'il tient de son shebuja sous la seule réserve qu'ilqu'il doit, en toutes circonstances, agir en bon père de famille. L'umugaragu doit toujours avertir son shebuja en cas d'alternation d'une ou plusieurs têtes de bétail." Extrait du Bulletin de Jurisprudence des Territoires Indigènes du Rwanda Urundi, Astrida, 1946. p 137-141. Voir aussi dans J.N. Nkurikiyimfura, LE GROS BETAIL ET LA SOCIETE RWANDAISE: EVOLUTION HISTORIQUE: DES XIIè-XIVè A 1958. L'Harmattan - Année 1994 - 318 pages. Cfr pp. 234-244. |
Commentaire personnel:
par
Emmanuel Nduwayezu
31.01.03
Ce document codifiait les us et coutumes relatifs à l'institution d'ubuhake. Le «contrat
d'ubugaragu» a été précédé d'un autre texte daté du 14 octobre 1933 intitulé «Instructions sur
l'umurundo». Le contrat d'ubugaragu, qui prie sa forme définitive après 1940, fut publié à Nyanza le 1er août 1941 et rendu obligatoire par le résident à partir de janvier 1942. Mais les pratiques qui y sont consignées prédominaient dans la société rwandaise nyiginya depuis des siècles. A l'arrivée des premiers explorateurs et les premiers allemands on décrit une situation dramatique qui semble s'enraciner dans les mythes d'origine et de légitimation de la dynastie régnante.
"Le contrat de servage agro-pastoral (dit contrat d'ubugaragu), était un engagement "volontaire" par lequel une personne, appelée
"umugaragu" venait se recommander à une autre personne d'un rang social plus élevé, appelée
shebuja. L'acte de se recommander se disait gukeza, les relations sociales du maître
(shebuja) au serviteur (umugaragu) s'appellent ubuhake. Le serviteur s'engage, vis à vis de son maître, à rendre tous les services coutumiers et le shebuja consacre le contrat par l'octroi de vaches ou dans certaines régions de parcelles de terres à cultiver. Les services coutumiers que le serviteur doit prester sont, de la part d'un
Muhutu, tous les genres de travaux serviles ordinaires; tandis qu'un Mututsi est conseiller, messager, informateur, compagnon d'armes, en un mot, l'instrument de l'influence sociale et politique entre les mains de son maître. Ne dispose-t-il pas lui-même, d'une ramification plus ou moins puissante d'associés constituée de ses propres serviteurs, de ses parents qui ont également leur clientèle et des allés de sa parentèle"
[KAGAME A (1952), p.18] .
Le buhake (dont les origines remonteraient au règne de Ruganzu II Ndoli autour du XVIIème siècle, voir dans Le gros bétail et la société rwandaise. Evolution historique des XII-XIVème siècles à 1958, 1994: 127-140) était destiné à renforcer la puissance de la famille du maître. La parentèle était la cellule sociale de base: foyer isolé détenant un fief (ensembles de vaches ou de pâturages détenus par des particuliers)ou une propriété autonome (dépendant en toutes ses parties d'un seul et même foyer); ou bien un ensemble de foyers ayant un ascendant commun dont ils possèdent, par voie d'héritage, le même fief (ou la même propriété foncière) qu'ils se partagent.
C'est la croissance de la population et l'impossibilité d'expansion foncière qui rendirent ainsi les lignages vulnérables et dépendants des chefs pastoraux qui pouvaient attribuer ou refuser des terres selon leur gré sous le système de clientélisme pastoral
(ubuhake). Et c'est ici que l'on pourrait situer les origines de l'ubuhake que nous allons voir en détails dans ses formes élaborées telles que les ont trouvées les colonisateurs au début du 20ème siècle: «Bien qu'elle existât aussi entre deux tutsi ou deux
hutu, la relation féodale était avant tout un rapport inter caste entre un tutsi et un hutu. Sa fonction était d'une part de fournir à la strate supérieure des produits agricoles et des services, sans contrepartie économique réelle; d'autre part, de limiter l'exploitation des paysans en leur donnant l'occasion de recourir à la protection d'un membre de la caste dominante contre la surexploitation par les autres» Voyons donc ce que furent les relations entre les deux groupes sociaux.
D'après les travaux de J. Maquet: 1952, 1954, 1970; ceux de A. KAGAME: 1954; de M.
D'HERTEFELT: 1971,... sur le système des relations sociales dans le Rwanda ancien, il est dit que la structure étatique était entièrement entre les mains des tutsi nyiginya et la «fiscalité» était la fonction principale de l'administration. Les tutsi qui n'appartenaient pas au groupe des gouvernants pouvaient assurer leur approvisionnement vivrier par le lien de la clientèle que sollicitaient des hutu en échange de tel ou tel seigneur. La relation économique entre les deux groupes permet de les considérer comme des classes sociales et même comme des castes étant donné leur caractère héréditaire et l'endogamie (avec une éducation spécifique du jeune tutsi
munyiginya, imfura, afin de préserver l'esprit de corps de la caste) de la caste tutsi nyiginya (noble qui n'a été que timidement ouvert pour donner ses filles en mariages généralement pour des raisons stratégiques) ainsi que celle des
batwa.
Avec l'administration coloniale (protectorat allemand: 1897 à 1916 {Selon les publications de VON RAMSAY H Hauptmann:
Uha, Urundi und Ruanda. Mitteilungen aus den deutschen Schutzgebieten. X,177/181 (1897) et surtout dans Ueber seinr Expeditionen nach Ruanda und dem Rikwa-See
[Vortrag 4.6. 1898]. Verhandlungen der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin, XXV, 5-6, 303/323 (1898) résumé dans
L'Encyclopédie bibliographique Société culture et histoire du Rwanda de M
D'HERTEFELT (1987), pp-1673-1674, le mwami du Rwanda s'est placé sous la protection allemande en mars [20-22 mars] 1897 en même temps que la remise du drapeau allemand et une lettre de protection.} - puis mandat: 1919-1945 et tutelle: 1945 -1962 Belge), les structures territoriales jouaient le même rôle que sous «autonomie
nyiginya», jusqu'aux réformes de 1952-54 (début de cristallisation de la crise rwandaise actuelle avec les premières élections démocratiques directes) à l'origine de la Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Rwanda du 24 mars 1957, document appelé dans la suite Manifeste des Bahutu (seul nom actuellement utilisé sans aucune référence exacte au contexte de son époque, ni à son vrai nom d'origine).
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Abantu benshi bitiranya ubuhake n’ubucakara
kandi bitandukanye cyane. Ubucakara bwari bushingiye ku butaka, aho umuntu
yajyaga guhingira umutware kugeza igihe imyaka isaruriwe nawe bakamuha ho duke.
Kuva icyo gihe nta
kindi cyongeraga guhuza umucakara n’umutware naho ubuhake bwatumaga umugaragu
agirana ubucuti bukomeye na shebuja ku buryo hari n’igihe yamushyingiraga.
Abanyarwanda benshi, kera bajyaga kuba abagaragu kubera rimwe na rimwe impamvu
z’ubukungu. Ubukungu bw’u Rwanda rwo hambere bwari bushingiye ku buhinzi
n’ubworozi. Umwanditsi w’Amateka J.J.Maquet mu gitabo cye agira ati: «Abanyarwanda
bifashishaga ubuhinzi n’ubworozi kugira ngo babashe gukemura ibibazo
by’ingenzi bahuraga nabyo mu buzima bwabo bwa buri munsi ».
Ubuhake bwahaga umugaragu umutekano, akumva ko akomeye kuko afite
shebuja ukomeye nta wapfa kumuhohotera. Iyo yabaga yagiye gufata igihe, mu gihe
cy’ibitaramo kwa Shebuja cyangwa i Bwami, Abagaragu bigaga ibintu byinshi. Abagaragu birahiraga ba Shebuja: Mba ndoga kanaka cyangwa
ngo kanaka ampa inka.
Umwanditsi w’igitabo ubumwe bw’Abanyarwanda mu mibereho yabo Nizeyimana
Innocent avuga ko izo ndahiro zerekana urukundo n’ubudahemuka abagaragu babaga
bafitiye ba Shebuja ku buryo bumvaga badashobora kubahemukira, kuko uretse no
kubaha umugaragu we, shebuja yamwubahishaga n’abe, ku buryo abagaragu
bitwaraga neza bakagira ubutoni kwa Shebuja ba Shebuja banabashyingiraga,
bakaba bagabanye inka n’abageni.
Umuntu yashoboraga no gutunga inka azikomoye ahandi hatari ku buhake: nko ku
mpano, cyangwa yarazihahiye mu mitungo ye. Nizo bitaga impahano kandi
ntizanyagwaga, ahubwo iyo zagwiraga, nyirazo uwo ariwe wese, nawe yagiraga
abagaragu. Iyo amasezerano yabaga aseshwe maze shebuja agasubirana inka ze,
umugaragu yashoboraga guhohoterwa cyangwa kugirirwa nabi na Shebuja. Hari
n’ubwo shebuja yashoboraga gutekereza ko umugaragu yaba yarahishe ahandi hantu
zimwe mu nka yagabanye cyangwa se abifitiye ibimenyetso, bityo akaba
yamuhohotera kugira ngo ashobore kuzibona. Ibi byashoboraga kubaho igihe
umugaragu yabaga nta wundi shebuja afite wamurengera. Niyo mpamvu kugira ngo
ibyo bicike, umwami Mutara III Rudahigwa, mu 1941 yashyizeho itegeko
risobanura neza amasezerano y’ubuhake, ayo mategeko akaba yaratangiye
gukurikizwa muri Mutarama 1942.
Ubucakara bwari bushingiye ku butaka
Nta sano igaragara ari hagati y’ubucakara n’ubuhake nk’uko umwanditsi Mworoha
abitangaza. Yagize ati: « Ubuhake bwari bushingiye ku nka, uwajyaga
kuzihakirwa akagira igihe amara kwa shebuja, nyuma akazamugabira, naho
ubucakara bwo bwabaga bushingiye ku butaka. Udafite ubutaka yegeraga ubufite
akamuha aho ahinga bakazagabana imyaka hatitawe ku mvune yagize. Naho ku
byerekeye aka karere k’ibiyaga bigari, ubutaka umuntu yabukomoga ku murage
w’abasekuruza. Ikindi kandi gikomeye, i Burayi uwamaraga kwerekwa n’umutware
we aho guhinga, nta yindi sano yongeraga kubahuza, mu gihe mu Rwanda no mu
Burundi, umugaragu wabaga yagiye gucyura igihe yabaga kwa shebuja
bagataramana bakanamugaburira».